Hurtebise. Juste un nom. Pas une commune, ni même un hameau, c’est un lieu-dit, avec une ferme. A l’occasion du 110e anniversaire du début de la 1ère Guerre mondiale, le Centre du Visiteur du Chemin des Dames - Caverne du Dragon vous invite à découvrir l’exposition « Hurtebise 1914. Dans les ruines de la Grande Guerre » ou la singulière histoire de cette ferme située à l’endroit le plus étroit du Chemin des Dames.
L’isthme d’Hurtebise domine en effet les vallées de l’Aisne et de l’Ailette sur le point où elles sont les plus proches et donne ainsi le contrôle de toute la partie orientale du plateau du Chemin des Dames. Les armées Napoléoniennes y ont affronté les troupes russes et prussiennes du maréchal Blücher le 7 mars 1814 lors de la Bataille de Craonne. L’empereur en personne dormit la veille à la ferme d’Hurtebise. Pistolet à silex, sabre, uniformes, de nombreux objets et documents illustrent cet épisode qui fut une douloureuse victoire de la Campagne de France.
Sur la ligne de front
En 1904, un monument fut inauguré en mémoire des grognards et des Marie-Louise, ces jeunes recrues de la dernière conscription qui avaient vu plusieurs milliers d’entre eux tomber au combat. Qui pouvait se douter que 10 ans plus tard, un nouveau déluge de feu et d’acier s’abattrait sur la tranquille exploitation agricole ?
Quand la première guerre mondiale éclate, Hurtebise se retrouve sur la ligne de front dès le mois d’août 1914. C’est même le point stratégique à tenir absolument et les combats y sont acharnés. A quelques encablures de là, la creutte, que l’on ne nomme pas encore Caverne du dragon, sera, elle aussi, âprement disputée. Une fois dans la place, les Allemands tiendront fermement Hurtebise, empêchant les troupes françaises et britanniques de dépasser cette frontière naturelle. C’est ici que la guerre s’enlise.
Au milieu des ruines
La scénographie de l’exposition tourne autour d’une installation qui illustre l’état de ruines et de dévastation dans lequel toute la ligne de front s’est retrouvée. Les nombreux clichés témoignent de la force de destruction déployée dans une guerre totale et industrielle.
Cette exposition est aussi le fruit d’un travail de collecte qui doit beaucoup aux donateurs, des fonds photographiques inédits sont même venus spontanément d’Allemagne, montrant la vie au jour le jour des soldats allemands entre ce qu’il restait des murs de la ferme d’Hurtebise.
Assez de sang ! Assez de ruines ! Assez de victimes !
En 1927, fut érigé un nouveau monument rendant hommage aux soldats de 1814 et à ceux de la Grande Guerre, le poilu et le Marie-Louise étant réunis sur la même pierre. Dans sa prise parole, Nicolas Rébérot, Vice-Président du Conseil départemental de l'Aisne Action culturelle et Patrimoine, a tenu à citer les mots de Georges Bègue, préfet de l'Aisne lors de l’inauguration du nouveau monument à Hurtebise en 1927 :
« La seule parole que vous souhaiteriez, que vous voudriez entendre, c'est celle qui vous donnerait la réponse à l'angoissante question qui, sans avoir besoin de se formuler, étreint tous vos cœurs : le second monument d'Hurtebise est-il le dernier ? Est-ce que la dernière guerre n'a pas assouvi Moloch, épuisé la criminelle folie des hommes de proie ? Après 1814, après 1870, après 1914, y a-t-il encore au livre du destin une date fixée pour de nouvelles hécatombes et de nouveaux désastres ? […] Il ne faut pas que cela recommence. Assez de sang ! Assez de ruines ! Assez de victimes ! »
On connait malheureusement la suite. Une plaque apposée sur le mur de la ferme d'Hurtebise rappelle que le 20 mai 1940 des combats ont eu lieu à proximité du monument des Marie-Louise entre des éléments blindés allemands et la 4e division cuirassée du colonel de Charles de Gaulle, qui devait abandonner ses positions dans l’Aisne.
Exposition gratuite - Du 9 novembre 2024 au 31 août 2025
Caverne du Dragon
02160 Oulches-la-Vallée-Foulon
www.chemindesdames.fr – 03 23 25 14 18 – mail