Il y a 80 ans, le département de l’Aisne était au cœur dans la bataille de France. L’occasion de revenir sur les combats qui ont bouleversé notre territoire.
Il y a 80 ans, après avoir relancé leur offensive sur l’Aisne le 7 juin dans la journée, les Allemands parviennent à installer des têtes de pont à Pommiers, Venizel et Missy-sur-Aisne. Le 8 juin au lever du jour, alors que les Bretons du 71e régiment d’infanterie et les chasseurs alpins de la 7e demi-brigade contre-attaquent entre Acy et la ferme du Mont de Soissons, les Allemands passent à l’assaut à l’Ouest et remontent les pentes boisées des ravins de Vaux et de Pernant. À Soissons les légionnaires du 12e régiment étranger d’infanterie défendent l’Aisne tandis que ceux du 23e régiment de marche de volontaires étrangers résistent à Pernant, Saconin-et-Breuil et Missy-aux-Bois malgré la pression des bombardiers en piqué allemands. Ces derniers subissent de lourdes pertes cependant car l’aviation de chasse française effectue plusieurs sorties tandis que les bombardiers français attaquent sans relâche les forces allemandes. Débordée après une journée de combats intenses durant laquelle on recense 639 hommes « Morts pour la France » dans l’Aisne, l’armée française décroche dans la soirée vers la forêt de Retz et la vallée de l’Ourcq sous une chaleur accablante.
Le 9 juin à l’aube, l’état-major allemand étend son offensive de la vallée de l’Aisne à la Champagne picarde. Utilisant un brouillard artificiel, les fantassins allemands traversent la rivière et progressent rapidement vers Roucy par le bois de Gernicourt. De Bourg-et-Comin à Neufchâtel-sur-Aisne les troupes françaises se défendent pourtant avec bravoure mais sont débordées par la supériorité numérique et aérienne de leurs adversaires. L’ancien Secrétaire d’État aux sports et aux loisirs du Front Populaire Léo Lagrange en sera l’une des victimes, mortellement blessé à Évergnicourt. Dans le reste du département les troupes allemandes reprennent leur progression vers le sud, ralenties par endroits par la résistance opiniâtre des soldats français, comme à la ferme de Pouy à Mortefontaine où un bataillon du 9e zouaves tient tête à toute une division allemande pendant vingt-quatre heures. Dans la soirée les Allemands sont déjà au sud de Fère-en-Tardenois tandis que c’est désormais sur la Marne et la Vesle que se reportent les espoirs français de retarder l’avance allemande.
Le 10 juin, alors que l’on apprend l’entrée en guerre de l’Italie aux cotés de l’Allemagne, les avant-gardes de la Wehrmacht traversent Villers-Cotterêts et pénètrent dans Château-Thierry, atteignant la Marne sans pouvoir la franchir, les ponts ayant été détruits. Réduite à deux divisions d’infanterie renforcées des débris des unités qui ont combattu sur l’Ailette et l’Aisne, la 6e armée française oppose à nouveau une ferme résistance, mais ne peut empêcher les fantassins allemands de percer le lendemain entre Gandelu et Veuilly-la-Poterie d’une part, et à Chartèves et Château-Thierry sur la Marne d’autre part : l’espoir d’un miracle de la Marne s’évanouit tandis que Paris est déclarée ville ouverte. Le 12 juin, ce qu’il reste des défenseurs de la Marne sont assaillis à Viffort, Artonges, Viels-Maisons, et se replient en combattant. Le 13 juin, les troupes françaises qui tenaient encore entre Condé-en-Brie et La Chapelle-Monthodon se replient vers le sud-est, actant la fin de quatre semaines de combats sur le territoire axonais. C’est désormais sur le territoire national que la lutte se poursuit tandis que dès le lendemain, les troupes allemandes entrent dans Paris.
La revue AXONE retrace largement les événements de 1940 dans son numéro 6, à feuilleter sur https://fr.calameo.com