Du 9 juin au 23 août, la Caverne du Dragon – Centre d’Accueil du Visiteur du Chemin des Dames propose de découvrir le travail d’artistes qui ont la particularité d’appartenir au cercle assez fermé de ceux que l’on appelle les “peintres aux armées“. Appellation en partie trompeuse, car il n’y a pas que des peintres dans cette corporation d’artistes “officiels“ adoubés par le ministère des Armées. On compte 8 sculpteurs et 5 photographes sur 49 membres actuels.
Oeuvre de François Mayu à l'exposition Soldats d'hier et d'aujourd'hui
C’est donc une somme d’œuvres extrêmement variées que cette exposition propose de découvrir, à commencer par le travail très singulier du sculpteur François Mayu, connu comme le “glaneur du Chemin des Dames“. Depuis de longues années déjà, François Mayu quitte régulièrement son atelier parisien pour aller arpenter le Chemin des Dames de long en large pour y prélever les débris d’acier que la terre recrache régulièrement. De ces morceaux de fer rongés par la rouille, il tire des œuvres saisissantes évoquant le chaos, les corps démembrés et les stigmates corporels auxquels les chirurgiens militaires étaient confrontés. Artistes contemporains et artistes des siècles passés se côtoient dans cette exposition où les œuvres sélectionnées dessinent un parcours en forme d’hommage aux soldats de toutes les époques. Aux côtés des bronzes de Thomas Waroquier, qui célèbre la mémoire des troupes coloniales, le visiteur découvrira également l’hommage aux poilus de Nadine Enakieff, les toiles de Jacques Ernotte, de Lucien Delmas et Christian Cochet, les photos de Jean-Dominique Leguay ou encore les graffitis du street artiste C215.
L’art au service de la mémoire
Comme l’a souligné Nicolas Rébérot, vice-président du Conseil départemental de l’Aisne, en charge du Patrimoine et de l’Action culturelle, de nombreux peintres furent envoyés en zone de combat lors de la Première Guerre mondiale. Mais aucun ne fut envoyé sur le Chemin des Dames, symbole de l’échec retentissant de l’offensive du printemps 1917. Seul le peintre François Flameng eut l’autorisation de se rendre sur le Chemin des Dames, c’est à lui que l’on doit l’unique tableau réalisé à cet endroit du front, intitulé Le Chemin des Dames en 1917, montrant un paysage de désolation sous la neige.
Discours de Nicolas Rébérot au vernissage de l'exposition Soldats d'hier et d'aujourd'hui
« Depuis de nombreuses années le Département de l’Aisne renouvelle cette mémoire par l’intermédiaire de l’art contemporain » a expliqué l’élu axonais, citant Haïm Kern, Christian Lapie et Jean-Pierre Rives pour leurs œuvres monumentales qui jalonnent le Chemin des Dames. « De nombreux artistes ont répondu présents pour cette exposition » poursuit-il. « Ces œuvres, d’une grande diversité, nous touchent et apportent un éclairage nouveau sur le soldat, la guerre et la mémoire des conflits. »
Parallèlement à l’exposition, la Caverne du Dragon accueillera trois conférences :
Vendredi 16 juin à 16h : « Commémorer la campagne de France 1814 : regard et interprétation des artistes-soldats » par le capitaine Aude Nicolas.
Samedi 24 juin à 17h : Les tirailleurs sénégalais par Benoît Beucher, maître de conférences en histoire contemporaine, Université Paris Panthéon Sorbonne.
Samedi 1er juillet à 17h : « Les gueules cassées », d’hier à aujourd’hui, par Patrick Remm, président de l‘Union des blessés de la face et de la tête.