Il y a 80 ans, le département de l’Aisne était au cœur dans la bataille de France. L’occasion de revenir sur les combats qui ont bouleversé notre territoire.
Il y a 80 ans, alors que la poche de Dunkerque vit ses derniers jours d’évacuation, les accrochages se multiplient sur toute la ligne Weygand et les installations défensives sont consolidées tandis que la tension grandit dans les rangs français et allemands : la grande bataille approche. Le 5 juin vers 4h, un violent barrage d’artillerie s’abat d’Ollezy à Bourg-et-Comin sur toutes les positions françaises : le Fall Röt (plan Rouge) de la Wehrmacht est déclenché.
Tandis que l’artillerie française répond coup pour coup, les fantassins allemands, couverts par un brouillard artificiel, traversent le canal de Saint-Quentin et le canal de l’Oise à l’Aisne avec des passerelles, des canots pneumatiques ou à la nage et prennent pied sur les rives avec de lourdes pertes. De violents combats ont lieu à Tergnier, Manicamp, Trosly-Loire, Pont-Saint-Mard, Crécy-au-Mont, Vauxaillon, Pinon, Chavignon et Braye-en-Laonnois. S’infiltrant partout, débordant les nids de résistance français les troupes allemandes, plus nombreuses et soutenues par leurs bombardiers en piqué Stukas, réussissent à progresser dans les nombreux vallons qui mènent aux plateaux surplombant le sud de la vallée de l’Ailette. Bien qu’inférieure en nombre, l’aviation française tente d’intervenir. Des Bréguet 693 attaquent à Caumont et Villequier-Aumont tandis que des chasseurs des groupes de chasse II/5 et II/1 abattent plusieurs chasseurs Me 109 au-dessus du Soissonnais.
Quand la nuit tombe sur cette dure journée, peu nombreux sont les hommes à savoir qu’un remaniement ministériel a eu lieu dans la journée, marqué par l’entrée au gouvernement du général de Gaulle qui s’est illustré deux semaines plus tôt dans l’Aisne.
Le 6 juin, la progression allemande reprend et se confronte aux contre-attaques françaises préparées durant la nuit, suivant l’ordre du jour du général Weygand préconisant de « répondre à l’infiltration par l’infiltration ». Toutefois si le front tient en de nombreux points comme à Tergnier où le 32e RI repousse les Allemands de l’autre côté du canal, sur le front de la vallée de l’Ailette au Chemin des Dames le manque de munitions, les pertes, la chaleur, la fatigue et la faim se font sentir. Jusque dans la soirée des unités se sacrifient dans d’ultimes contre-attaques pour permettre à leurs camarades de se replier face à des troupes allemandes en supériorité numérique.
A la faveur de la nuit, ce qu’il reste de la 6e armée française repasse sur la rive sud de l’Aisne avec l’ambition de la défendre, détruisant tous les ponts derrière elle pour bénéficier de quelques heures de répit. Le 7 juin à l’aube, les positions françaises sont réinstallées sur la rive sud de l’Aisne et les hommes prêts à faire face à la prochaine poussée des troupes allemandes vers le sud.