On ne peut pas la louper, elle se dresse droite comme un i au beau milieu de la grand’place de Crécy-sur-Serre. 16 mètres de hauteur, toute en briques, on l’appelle la tour de Crécy. Pourtant, techniquement parlant, c’est un beffroi. C’est même le dernier beffroi de l’Aisne. Certes il y a bien le carillon de l’Hôtel de Ville de Saint-Quentin, mais il est intégré à un ensemble architectural bien plus vaste. Un beffroi solitaire, il n’y en a plus qu’un et c’est celui-ci. Qui dit beffroi dit cloches. « C’est une pièce d’architecture à laquelle les habitants sont très attachés mais avant tout, elle rythme la journée de nos concitoyens, c’est sa fonction première » rappelle Pierre-Jean Verzelen, maire de la commune.
Comme l’atteste une carte postale datée de 1850, il y eut aussi des boutiques qui ceinturaient l’édifice à sa base. La dernière en date, la maison Delval, fut détruite en 1866. Une des pierres du beffroi porte la date de 1576 mais selon Pierre Cailleux, à qui l’on doit l’ouvrage très complet « Crécy-sur-serre à travers ses archives », cette date indique une restauration. L’origine exacte de la tour est un mystère. Certains pensent qu’elle fut érigée au XIIe siècle par les Anglais qui occupèrent Crécy lors de la guerre de Cent Ans, d’autres l’attribuent aux Espagnols qui occupaient la Picardie sous François 1er. Pierre Cailleux défend quant à lui l’idée que ce sont les habitants eux-mêmes qui l’édifièrent quand Crécy-sur-Serre obtint une charte communale en 1190. Le beffroi était en effet le symbole d’une ville affranchie et sa fonction était d’appeler les citoyens sur la place ou aux remparts en sonnant la cloche.