Ces mots dans la bouche du général Joffre en 1915 soulignent le rôle crucial de la population féminine dans le contexte d’une « guerre totale » telle que l’instaure le conflit de 14-18.
L’appel aux sœurs, aux épouses, aux mères et aux filles des hommes partis se battre, se fait entendre dès les premiers jours de la guerre. La mobilisation frappe les campagnes à la veille des moissons et c’est le président du Conseil René Viviani qui appelle en personne les femmes des agriculteurs à prendre en main les travaux des champs pour assurer les récoltes, un changement radical dans une société encore très patriarcale. Plus d’un million de femmes, épouses d’exploitants et ouvrières agricoles, font face du jour au lendemain aux responsabilités qu’implique la gestion d’une exploitation.
La guerre s’installe et la pénurie durable d’hommes finit par toucher tous les secteurs d’activités à commencer par l’industrie de l’armement. Les « munitionnettes », personnel féminin employé dans les usines d’armement, vont graduellement venir grossir les rangs des ouvriers. Début 1918, elles sont 430 000 et représentent un quart des effectifs. Le travail comporte des risques, les accidents sont très fréquents et les femmes payent un lourd tribut à l’effort de guerre.
En généralisant le travail des femmes, la guerre induit une transformation profonde des sociétés européennes et notamment française où le code civil de 1804 toujours en vigueur n’accorde aucun statut aux femmes, considérées comme mineures et privées de droits civiques. C’est le début d’un long combat pour l’amélioration de la condition féminine qui s’amorce et qui permettra par exemple aux « suffragettes » anglaises d’obtenir le droit de vote dès 1918.