Publié le 21 aoû 2024 - Mis à jour le

80 ans de la Libération - 1944 : l’été des martyrs

Après le débarquement allié du 6 juin en Normandie et alors que l’occupant se voit contraint de reculer sur tous les fronts, le Département de l’Aisne va connaître une terrible série d’exactions orchestrées par une armée allemande en repli qui sait que ses jours sur le territoire français sont comptés.

La résistance en première ligne

Dès 1940, différents mouvements de résistance voient le jour sur le sol français. Ce sont d’abord des actes individuels et isolés dans le lourd climat de déliquescence et de désorganisation qui suit la défaite, mais différents mouvements vont se structurer après l’appel du 18 juin 1940 lancé par le Général de Gaulle, puis à partir de 1942 et la création de la zone de démarcation. Au Nord, en zone occupée, c’est l’action militaire contre l’occupant qui est privilégiée par les premiers mouvements, à l’image du réseau Vérité française qui se met en place dans le Soissonnais et qui va constituer les premiers dépôts d’armes récupérées sur les champs de bataille immédiatement après la déroute des forces françaises. En Thiérache, le réseau de la Confrérie Notre Dame se met en place à Hirson autour du docteur Pierre Fresnel et mène des actions de renseignement pour le Bureau Central de Renseignement et d’Action (B.C.R.A.). Fin 1943, un nouveau centre de commandement voit le jour à Saint-Algis, au lieu-dit du Moulin de la Coupille. C’est ainsi que nait le maquis de la Coupille qui après mars 1944 sera le QG du Groupement C des Forces Françaises de l’Intérieur (FFI).

7 juillet 1944 : l’attaque du maquis de la Coupille

Les contrôles routiers se multiplient et le 30 juin, le chef des opérations Arnaud Bisson est mortellement blessé à l’entrée de Sains-Richaumont alors qu’avec Florent Debuisson, Marc Grether et Désiré Merlin ils forcent un barrage à bord de leur traction transportant armes et munitions.

Dans les jours qui suivent, Jean Merlin reprend le commandement du BOA et du maquis de la Coupille. Les parachutages et les transports continuent à un rythme soutenu. Le 7 juillet à 10h15, le maquisard Gaston Baron observe quatre véhicules allemands arrêtés à un kilomètre du moulin. Il donne aussitôt l’alerte, des camions convergeant depuis Hirson, Vervins et Guise ont aussi été vus et c’est une manœuvre d’encerclement qui se profile. Pierre Deshaye et son adjoint quittent le site, emmenant avec eux les habitantes du moulin, Mme Armand et sa nièce Gisèle, pour les mettre à l’abri. Il ne reste que 14 combattants sur place.

Côté allemand, on compte douze morts et dix-neuf blessés. Prisonnier, Florent Debuisson sera torturé à la prison de Saint-Quentin puis déporté à Buchenwald. Il survivra aux marches de la mort vers le camp de Dachau en avril 45 et rentrera finalement en France.

27 août 1944 : les fusillés de Fontaine-Notre-Dame

Paris a été libéré le 25 août et dans les territoires encore occupés, la Résistance est en effervescence. Mais dans l’Aisne, le repli des Allemands les rend d’autant plus présents et les allers et venues des membres de la Résistance n’en sont que plus dangereux. Le 26 août, ceux du Saint-Quentinois sont prévenus que des parachutages d’armes vont avoir lieu. Le 27 en fin de matinée, une poignée d’hommes menée par le capitaine Corrette partent de Saint-Quentin à bord d’une camionnette pour réceptionner les armes parachutées au nord de Fieulaine. Ce qu’ils ne savent pas, c’est qu’une colonne allemande a établi son cantonnement à Fontaine-Notre-Dame dans la ferme Malin, une mitrailleuse braquée en direction de la route d’Homblières. La camionnette croise trois jeunes cyclistes qui l’informent de la présence de quelques allemands mais ils ne savent pas que de nombreux soldats sont arrivés entre deux. Eugène Corette et ses hommes décident de traverser le village.

Monument des fusillés de Fontaine Notre Dame

Ils aperçoivent une deuxième camionnette en route pour le parachutage mais ne parviennent pas à prévenir les occupants de ce qui les attend un peu plus loin. Dès qu’elle est dans l’axe de la mitrailleuse installée sur la route, le véhicule essuie un tir nourri qui tue net Louis Bachy le conducteur ainsi que onze autres occupants. Un seul passager, Olivier Balourdet, parvient à s’extirper du véhicule immobilisé contre un grillage et, bien que blessé, réussit à s’enfuir. Les occupants de la première camionnette sont alors passés par les armes sans autre forme de procès.

Un seul d’entre eux, Maurice Alexandre parvient à se soustraire aux balles et se cache dans un tas de foin. Les officiers allemands ordonneront aux habitants du village d’ensevelir les corps des 19 victimes le lendemain dans une fosse commune, sans linceul ni cérémonie religieuse.

31 août 1944 : embuscade au Bois de Chassis

Le 29 août 1944, Soissons est libérée par l’armée américaine. Tandis que l’on cherche à regrouper les patriotes dans les carrières de Ressons-le-Long, un soldat américain, John Callif, est capturé par les Allemands embusqués au bois de Chassis.  Il est exécuté et déshabillé. Le piège se met en place : un homme vêtu de l’uniforme américain et parlant un français guttural se présente à l’hôtel de la Croix d’Or de Soissons, le PC des FFI, et déclare au capitaine Alain être envoyé́ par le commandement américain du secteur de Vic pour demander un renfort.