« On va voir quelques disciplines sportives en langue des signes, par exemple le football c’est comme ça ! » Joignant le geste à la parole, l’animatrice lance son avant-bras droit en avant et le bloque au niveau du poignet avec la paume de sa main gauche. « Pour le basket, c’est la main gauche qui fait le panier et la main droite qui tombe à l’intérieur en tournant sur elle-même. » Camille Tavernier anime ce jour-là une séance de sensibilisation à la langue des signes avec la classe de 5e de Stéphanie Octobon au collège Victor Hugo de Chauny. Ce moment de découverte s’inscrit dans le programme 2024/2025 de Cap Collège olympique, un dispositif départemental lancé en 2022 quand le territoire s’est vu accordé le label “Aisne, terre de jeux“, en amont des jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024.
« C’est une expérience qui s’intègre dans la sensibilisation au sport en situation de handicap, un élément qui fait partie du dispositif Cap collège olympique depuis le début » explique Grégory Clémot, chargé des politiques sportives au Département de l’Aisne. « Huit collèges participent au dispositif cette année, le collège Victor Hugo de Chauny est le premier à expérimenter la langue des signes. Cet atelier est également programmé début 2025 au collège Camille Desmoulins de Guise et au collège Léon Droussent à Coucy-le-Château-Auffrique. »
Répartis en cercle, élèves et enseignants s’appliquent à reproduire, et si possible à mémoriser, les signes qui s’appliquent au vocabulaire du sport, et ça ne se limite pas au nom des disciplines. Comment dit-on « un entraîneur », « un terrain », « on a gagné » ? Les élèves sont très réceptifs et s’interrogent au-delà de la seule problématique sportive. Peut-on faire des fautes de grammaire en langue des signes ? Est-ce qu’il existe un alphabet ? La langue est-elle la même pour tous les sourds et malentendants du monde ? « C’est quelque chose de nouveau pour eux et il y a un côté ludique dans la gestuelle de la langue des signes » remarque Camille Tavernier qui a créé l’association « Des racines et des ailes » en 2023 avec l’orthophoniste Émilie Moeglin. Le cœur d’activité de l’association est la création d’ateliers de toutes sortes pour provoquer l’échange, aussi bien chez les plus jeunes que chez les séniors. La langue des signes est une des composantes de l’association, mais toutes les formes d’expression peuvent être sollicitées grâce à un réseau qui comprend une éducatrice pour enfant, une puéricultrice et une art-thérapeute. Camille Tavernier a pour sa part longtemps travaillé comme enseignante spécialisée auprès d’enfants sourds et malentendants, notamment à l’école Bachy de Saint-Quentin.
A l’issue de cette matinée, les élèves ont reçu un carnet illustré montrant en photo les gestes de la langue des signes qui correspondent au vocabulaire étudié. Un outil pour mémoriser ces premiers apprentissages et une invitation à aller plus loin dans le domaine de la langue des signes. Pour la suite du programme de Cap Collège Olympique, les élèves des établissements participants auront l’occasion d’expérimenter le para-sport, de découvrir de nouvelles disciplines sportives qui ne sont pas pratiquées en EPS, de rencontrer des athlètes de haut niveau et de s’imprégner des valeurs de l’olympisme à travers l’exposition qui a été montée par le Comité départemental olympique et sportif de l’Aisne. Les autres établissements participants sont le collège de la Faye à Condé-en-Brie, François 1er à Villers-Cotterêts, Marthe Lefèvre à Saint-Quentin, Léopold Sédar Senghor à Corbeny et l’institution Notre Dame de Liesse. Ils se retrouveront tous le 6 juin sur le site de Cap’Aisne pour une journée 100% sport avec de nombreux défis sportifs à relever.