Les élus, les habitants de Gauchy et les porte-drapeaux sont venus en nombre sur le site du monument du moulin de Tous Vents pour l’inauguration d’une nouvelle borne dans le cadre du réseau d’interprétation mémoriel qui valorise les principaux lieux de combat du département lors des conflits de 1814, 1870-1871, 1914–1918 et 1939–1945. Comme l’a rappelé Jean-Marc Weber, maire de Gauchy, le secteur du moulin de Tous Vents est un lieu symbolique pour les Gasiaquois. Sur ce promontoire où se dressait un moulin, se déroula une bataille héroïque du conflit opposant la France à la coalition prussienne en 1871, mais à peine tente ans plus tard, il se retrouvait à nouveau sous les bombes alors que Français et Allemands s’affrontaient à nouveau. Placé sur le tracé de la ligne Siegfried, le moulin de Tous Vents ne survivra pas au déluge de feu de la Première Guerre mondiale. Encore aujourd’hui, aux abords du monument érigé en 1932, la terre recrache régulièrement des kilos d’acier qui témoignent de l’intensité des combats qui eurent lieu à cet endroit.
Dépot de gerbe au monument du moulin de Tous Vents
Briser le siège de Paris
En 1870, la France est dans une situation politique et militaire périlleuse. Au mois de septembre, le second empire laisse la place à la IIIe République suite à la capitulation de Napoléon III à Sedan face aux troupes prussiennes. Paris est assiégé, mais le Gouvernement de la Défense Nationale croit pouvoir encore chasser l’occupant du territoire national et tente de constituer de nouvelles armées en province.
C’est ainsi que l’Armée du Nord se construit, réunissant les gardes nationales mobiles des départements de la Somme, de l’Aisne et du Pas-de-Calais aux côtés des quelques troupes régulières encore disponibles. Le général Faidherbe veut agir pour contraindre le commandement de l’armée prussienne à détacher des forces du siège de Paris. Le 15 janvier, l’armée du Nord reprend la ville de Saint-Quentin, très bien située pour attirer les troupes allemandes loin de Paris. En provenance d’Amiens, des éléments de la 1ère armée allemande convergent alors vers le Saint-Quentinois. Le commandement français se sait en infériorité numérique et beaucoup moins bien équipé que l’ennemi, mais Faidherbe décide de livrer bataille pour attirer un maximum de troupes allemandes et donner ainsi une chance à une tentative de sortie de l’armée de Paris. Aux premières lueurs du 19 janvier, sur un terrain détrempé par le dégel, débute un affrontement qui durera jusqu’à la nuit tombée. Les batteries de canon installées au moulin de Tous Vents bloquent efficacement la progression des ennemis venant de La Fère, mais tout au long de la journée les renforts allemands affluent et à 17h, le général Lecointe prend la responsabilité de sonner la retraite vers Cambrai. On comptera près de 3 500 tués ou blessés côté français et entre 4 500 et 5 000 du côté allemand. La France a épuisé ses dernières forces dans cette bataille, l’armistice sera signé 10 jours plus tard le 28 janvier.