La Cie ALIS a été créée par le poète et metteur en scène Pierre Fourny en 1982. Cela fera donc bientôt 40 ans que cette structure explore sans relâche les formes les plus expérimentales d’une poésie qui se donne en spectacle à travers des modes de présentation qui peuvent sembler aussi improbables que déroutants.
Depuis les années 2000, Pierre Fourny s’intéresse tout particulièrement à la manipulation des lettres de l’alphabet latin et invente une pratique artistique qu’il nomme la « poésie à 2 mi-mots ».
Dès lors, à travers des performances qui empruntent la forme du théâtre d’objets, des films et des installations, se dessine une oeuvre étonnante où le mot saisi dans son image vient questionner notre façon de le percevoir et de lui donner sens.
D’un potentiel ludique inépuisable, la poésie à 2 mi-mots peut s’appréhender dès le plus jeune âge comme l’illustrent par exemple les livres jeunesse « Animots » et « Légumots » co-signés ALIS, Olivier Philipponneau et Raphaële Enjary.
Coupés en deux et recomposés à l’envi, les mots et les images s’y démultiplient et donnent à voir des faces cachées insoupçonnées. Avec « Eau Feu », c’est une forme de mini spectacle de rue qui se joue en mode express le temps d’un arrêt au feu rouge. Une tranche de poésie furtive et douce à consommer sur place avant de reprendre la route avec le souvenir d’un instant un peu irréel. On notera aussi dans les créations récentes, les Zones Autonomes de Poésie où des mots-objets installés dans divers dispositifs se prêtent à de multiples jeux de relecture et d’interprétation, les installations du Typomatic et du Typomécano ou encore le spectacle « Prononcer fénanoq » proposé au Festival d’Avignon et qui questionne la masculinisation du français telle qu’elle fut orchestrée par les grammairiens du XVIIe siècle.
La langue coupée en deux
« Le procédé est d’une simplicité désarmante : il consiste simplement à couper les mots d’un trait horizontal. Chacune des deux moitiés de mots obtenues est contenue dans un autre mot, ou plusieurs autres mots. »